Archives de catégorie : Italie

Souvenirs de vacances : lorsque la demi-pension devient gastronomique

Même si j’ai un à-priori furieusement positif envers la cuisine italienne, j’ai longuement hésité avant de réserver l’hôtel de ces dernières vacances en Ligurie, dont la demi-pension m’avait été chaleureusement conseillée. Premier écueil à éviter, le “all-in” à volonté : le but n’est pas de se gaver au point de faire exploser la balance au retour des vacances. Deuxième risque, la qualité des repas et leur diversité : devoir “choisir” tous les soirs entre le minestrone “jus de chaussette de facteur” et la mortadelle+feuille de salade, non merci. Troisième danger, le repas qui aurait dû être romantique et qui se transforme en table commune avec des Allemands dans un hôtel Neckermann (cas vécu au Lac de Garde). Bref, j’étais aux aguets lors du premier repas du soir à la Villa Edera (Moneglia, Ligurie), mais les craintes se sont très rapidement envolées :

  • la salle du restaurant a beaucoup de classe, elle est plutôt moderne et quelques murs sont tapissés de vieux livres de cuisine (de notre table nous avions vue sur une page décrivant les chicons belges !)
  • les plats dégustés ce soir-là nous ont enchantés : de la mousse de cabillaud, des pâtes “all’amatriciana”, de l’ombrine  avec un espuma “écume des mers” et pour terminer un cheesecake au coulis de fruits des bois

Villa Edera - Gastronomie

Le niveau de présentation des plats était supérieur à ce que l’on rencontre habituellement dans les “BIB Gourmands Michelin”  italiens. La quantité était raisonnable, c’est-à-dire ni trop, ni trop peu. Et c’était évidemment délicieux : des produits frais, avec du goût, de la variété, des associations intelligentes. Les légumes proviennent du jardin (bio !) et il est possible de se restaurer sans gluten.

Villa Edera - LegumesLes 6 repas qui ont suivi durant cette semaine de vacances étaient tous du même niveau.

Villa Edera - RestaurantLa carte des vins faisait la part belle à la Ligurie, région moins connue chez les cavistes de Belgique.

L’hôtel en lui-même (accueil, hall d’entrée, chambre) est d’un excellent niveau. Le prix des différentes chambres est suffisamment varié, chacun y trouvera son bonheur.

Chambres - Villa Edera

Hôtel Villa Edera :

  • Via Venino 12, 16030 Moneglia, Genova, Italia
  • Tel. 39.0185.49291 | Fax 39.0185.49470
  • info@villaedera.com

La fureur des Prosecco

Saviez-vous que le Prosecco a largement détrôné le Champagne, autant en volume qu’en valeur, au Royaume-Uni ? Il se boit pratiquement quatre fois plus de mousseux italien que français, rien que cela (source : Le Soir du 21/08/2015). Chez nous, le Prosecco est moins consommé, avec une part de 10% du marché des vins pétillants en 2015 (source : RTBF du 01/07/2015). Malgré cette position en retrait, le Prosecco occupe cependant le devant de la scène grâce à un apéritif connu sous le nom (assez pétillant il faut l’avouer) de “Spritz”. Je l’ai goûté pour la première fois à Città Di Castello, une belle petite ville d’Ombrie, il y a quelques années. Lorsque nous avons demandé à la serveuse le nom de cette boisson servie à toutes les tables, nous ne nous attendions pas à  cette onomatopée “Spritz” assez éloignée du vocable italien.

Aperol-Spritz-250x375La composition de ce cocktail est la suivante : 3 parts de Prosecco, 2 parts d’Apérol et 1 part d’eau pétillante. En général on en prépare une certaine quantité dans un récipient gradué, c’est plus pratique et plus convivial.

Pour en revenir au Prosecco, il en existe d’excellents à partir de 10€ la bouteille. D’un point de vue “appellation”, il en existe deux : une DOC (“Denominazione di Origine Controllata”) et une DOCG (“Denominazione di Origine Controllata e Garantita”) plus qualitative.

proseccoA titre d’exemple, voici quelques bouteilles dégustées récemment :

  • le Prosecco DOCG Extra Dry de Mionetto, à 9,99 € chez Delhaize : la bouche est “extra-brut”, avec beaucoup de fraîcheur. Vin fin et droit. Très bien construit. Rapport qualité/prix excellent.
  • le Prosecco Superiore DOCG Costa dei Peschi de Aleandri, à 12,20 € chez Vinodis : très agréable avec ses notes florales et fruitées. Beaucoup de finesse en bouche. Ce serait quand même dommage de s’en servir pour élaborer un Spritz.

Pour terminer, je vous présente le successeur du “Spritz”, le “Ugo” : liqueur de fleur de sureau, Prosecco et feuille de menthe.

ugo J’attends que le marketing s’en mêle, et on en reparle.

Vigneron cherche importateur en Belgique

J’ai récemment goûté deux vins de Campanie produits par un vigneron installé au sud de Salerne, la Fattoria Albamarina. Alors que les vignes sont encore jeunes, j’ai pu apprécier un blanc et un rouge crédibles et de très bonne facture.

Centola

Le blanc, un “Cilento fiano“, est droit et précis, sans aucune lourdeur, avec des arômes discrets de fruits blancs.

cilento_fianoLe rouge, un Aglianico, dispose d’une matière tannique et suave, avec une longueur très intéressante.

agriddi_aglianicoCe vigneron, qui se prénomme Mario Notaroberto, est à la recherche d’un importateur pour la Belgique. Il m’a fait une excellente impression lors de notre entrevue : il y avait beaucoup de sincérité et de modestie dans ses propos.

notaroberto

Da Alighiero à Anghiari

Tout d’abord, il me faut situer Anghiari, on n’y passe pas tous les jours, surtout si vous me lisez en français. Vu le nom du patelin, on devine qu’il s’agit de l’Italie, et plus particulièrement de la Toscane. Mes derniers voyages dans cette région m’ont appris que la Toscane était assez étendue, et on n’imagine pas nécessairement qu’elle coupe pratiquement l’Italie en deux, des mers de Ligurie et Tyrrhénienne à gauche, à la mer Adriatique à droite (la Toscane en est éloignée d’une cinquantaine de kilomètres). Je présume que vous situez correctement Florence (vers le Nord) et Sienne (au centre) ? A mi-distance de ces deux villes, vous prenez à droite, pratiquement jusqu’à la frontière de l’Ombrie : vous tombez sur Arezzo (magnifique !), et ensuite, via quelques reliefs culminant à 1000 mètres d’altitude, vous atteignez sans encombres Anghiari.

anghiari

Appréciez déjà la vue, en vrai c’est encore plus saisissant.

Bref, lors des dernières vacances, nous avons eu la chance de choisir un peu par hasard (à moins que le nombre d’autocollants Michelin en vitrine ne m’ait quelque peu influencé) un restaurant qui nous a enchantés : Da Alighiero. Avant même de lire la carte, mon œil œnophile a remarqué des dizaines (si pas des centaines) de bouteilles de Sassicaia ouvertes  avec soin, et couvrant, tels des trophées de chasse, les murs du restaurant. Derrière moi, dans une vitrine sécurisée, une caisse en bois, scellée, contenant au minimum un magnum de Sassicaia.

Oufti : on s’assied, on se calme, et on espère que la carte des vins restera raisonnable en terme de prix.

La carte des mets est déjà alléchante, et à un prix hyper-sympathique : c’est l’occasion ici de redire tout le bien que je pense de l’Italie, de ses restaurants et de son accueil ! Et je confirme en vous disant que la carte des vins était elle aussi tout à fait alléchante. Connaissant les goûts de mon épouse, j’ai choisi un Amarone 2007 de chez Speri, à 30 € la demi-bouteille. Le service du vin fut parfait : bouchon, aération, verres, service. Nous avons dû freiner des quatre fers pour ne pas vider la bouteille aussi sec, et apprécier patiemment les différents accords mets-vin des antipasti aux contorni.

Total de la note (vin, eau, antipasti, primi, secondi, contorni et dessert) : 115€. Tout est dit.

daalighiero

Au Soleil d’Italie à Monceau

Il y a quelques années je me suis légèrement impliqué dans le mouvement “slow food” qui a pour but de faire redécouvrir les produits issus de la terre, les “vrais”, ceux qui ont “pris le temps” de sortir de terre, ceux qui sortent du canevas imposé par la “grande” distribution.

A noter que ce mouvement “slow” s’est étendu à d’autres domaines, comme le “slow life”, le “slow city” et bien sûr le “slow sex”.

Donc vous l’aurez compris, j’ai une légère aversion pour les diktats de l’agro-alimentaire, la publicité lobotomisante délivrée entre The Voice et Koh-Lanta, et les soi-disant produits italiens au dos desquels on trouve un “made in Germany”.

Après quelques voyages au pays de Dante, ou de la Cicciolina c’est selon, quelques séjours où je me suis rendu compte que les tomates de Sansepolcro étaient bizarrement différentes des Flandria du Carrefour Market, il était temps de trouver à proximité du domicile familial une épicerie italienne digne de ce nom.

Ah bon, et c’est quoi “une épicerie italienne digne de ce nom” ? Ma définition de ce type de commerce, c’est un endroit où je peux trouver des produits respectant la matière première, ne galvaudant pas l’appellation d’origine (ce produit a t-il été réellement produit en Italie ?), ne trompant pas le client sur le produit (faire passer le Grana Padano pour du Parmesan). Par exemple, un soi-disant “supermarché italien” au sud de Charleroi : je demande du Parmesan à la découpe, on m’envoie vers le rayon des pré-emballés de Grana Padano. Je demande de l’Aperol Spritz en petits conditionnements, on m’envoie vers le Crodino. Le reste était à l’avenant.

Bref, complètement dépité, j’erre dans la campagne Carolo à la recherche du Saint-Graal de l’épicerie fine italienne. Et contrairement aux chevaliers de la Table Ronde, je l’ai trouvé ce Saint-Graal : “Au Soleil d’Italie“, place Sabatier à Monceau-sur-Sambre.

soleilitalie

Des fromages de toute grande qualité, de la charcuterie “slow food”, du vin sélectionné avec choix, des préparations originales. A Noël des Panettone inoubliables, à Pâques des Colomba à défaillir (ma marque préférée : Loison).

Vous savez ce que je dépose en ce moment sur mes tartines pour aller travailler ? du jambon de Toscane parsemé de copeaux de Parmesan 30 mois frais du jour. J’ai aussi un faible pour la Pancetta slow food …

Chianti Classico Fattoria la Presura

Je devine déjà le sourire légèrement cynique : du Chianti, la bouteille ronde empaillée servie à la pizzeria du coin. Quand on insiste en précisant que le Chianti fait partie de la Toscane, le sourire fait place à la franche rigolade.

Bref, c’est muni de cet à-priori que je me rends chez Vinodis, pour un cours/dégustation dédié à la Toscane. On sort quelques graphiques et mappemondes pour situer la région, des statistiques pour rappeler que du rouge italien a traversé des frontières pour aller colorer d’autres appellations, et enfin la dégustation (à l’aveugle) peut commencer.

Après quelques vins anecdotiques arrive ce breuvage au nez complexe, dans une explosion de fruits noirs, avec des soupçons de fruits rouges. On était assis, heureusement. On attend, un peu, afin de libérer les arômes. Et surtout se préparer mentalement à la suite. En bouche, du jus de viande et cuir pour certains, un côté sanguin pour d’autres. La matière est consistante, avec des tannins sur la finesse, le tout en équilibre presque parfait. La finale est suave à souhait. C’est frais et rond. Le plaisir se prolonge grâce à une longueur très appréciable.

laPresura

Enfin, le coup de massue : 10,90 €

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